Le Paritarisme dans les chambres de métiers? Comédie ubuesque et jeux de dupe..!

CPN56 – Février 2019

Toujours rien pour les salariés en matière de pouvoir d’achat.

 

Malgré leur ténacité les organisations syndicales n’auront pas réussi, en commission paritaire nationale (CPN56), à obtenir une revalorisation des salaires.  Les présidents campent sur leur position et ressortent toujours la même litanie: le collège employeur refuse d’accepter une augmentation du point d’indice tant que le gouvernement ne lui en donnera pas les moyens..!

Lors de cette réunion le directeur général de CMA France (ex APCMA)  s’est exprimé comme à son habitude  en faisant un point sur l’actualité et notamment sur « la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel » et sur la loi « PACTE ».

Le directeur général souligne la grande complexité des réformes.
Il y a lieu selon lui d’améliorer les textes pour permettre un minimum de
cohérence.  Ainsi donc, les projets de
loi  ne sont pas de nature à rassurer la
tête de réseau de CMA France dans la mesure où ceux-ci restent encore très flous.

« Attention à ne pas banaliser l’artisanat » s’exclame Jacques GARAU.

Effectivement le projet de loi sur la croissance des PME, dite loi « Pacte »; texte tentaculaire ayant pour objectif la simplification du quotidien des entreprises pour les rendre plus compétitives pourrait  bien se montrer dévastateur pour le réseau des CMA dans la mesure où ce projet pourrait vider les CMA de leur substance par la suppression de leurs missions régaliennes. En s’adressant aux représentants de la DGE (Direction Générale de Entreprises), présents lors de cette CPN56, Jacques GARAU a demandé à ce que Bercy prennent l’activité de l’entreprise comme base pour la filière artisanale.  D’ici là, pour accompagner les nouvelles mesures, des groupes de travail « Techniciens CFE/RM » seront mis en place.

Concernant la structure du réseau, la régionalisation devrait se poursuivre et aboutir comme prévu à la mise en place des CMAR sur l’ensemble du territoire national d’ici 2021.

Les organisations syndicales ont soulevé la problématique des CPL (commission paritaire locale) qui dans un schéma régional ne sont pas du tout adaptées. Le collège employeur se dit ouvert à toute proposition.

Sur le SPI (Stage de préparation à l’Installation), le collège salarié a  exprimé sa forte inquiétude sur l’impact d’une telle mesure sur les personnels et l’emploi. Les organisations syndicales ont aussi exprimé la nécessité d’anticiper les effets de la disparition du SPI obligatoire puisque l’application de la loi sera quasi-immédiate.  Les présidents semblent très remontés contre le ministre Bruno LE MAIRE et notamment pour ses déclarations « lapidaires et hors de propos » concernant cette situation. Bruno LE MAIRE ne veut rien entendre. Pour le ministre, Le SPI est une contrainte supplémentaire pour les artisans difficilement justifiable.

Concernant la table ronde demandée par la CFDT sur notamment La gestion prévisionnelle de l’emploi et des compétences (GPEC), les présidents y sont favorables, elle sera programmée rapidement.

Le
SNCA-CGT avait proposé lors de la CPN56 précédente la mise en place d’une
commission emploi afin d’étudier et d’anticiper les effets des réformes. Sans
s’y opposer le collège employeur estime prématuré l’instauration d’une telle
commission dans l’immédiat. Il propose d’attendre de connaitre le contour exact
de la loi et ensuite une commission emploi et mobilité verra le jour.  

Les organisations syndicales ont aussi demandée ce qui allait se passer avec la fin des contrats conventions en décembre 2019. Les employeurs n’ont pas réussi à donner une réponse très claire. Ils sont en pleine réflexion sur le sujet. Pour le SNCA-CGT c’est une préoccupation majeure et des réponses devront être apportées rapidement. Jacques GARAU dit qu’il faudra en rediscuter lors de la prochaine CPN56 de mars.  

Concernant les propositions
soumises aux votes,  citons parmi celles
qui ont été adoptées:  

  • Art.79  / Les indices inférieurs à 300 points sont supprimés. Les agents qui y sont positionnés sont reclassés à l’indice immédiatement supérieur, et conservent le bénéfice de leur temps de présence dans l’échelon.
  • Art.44-I / Pris en compte des mois de services accomplis au-delà des années pleines dans le calcul de l’indemnité de licenciement en cas d’inaptitude physique du statut.
  • Art.46 bis / La portabilité  de la complémentaire santé obligatoire aux agents quittant l’établissement du dispositif aux agents quittant l’établissement.
  • Intégration à l’annexe XVII du statut du personnel relative au bilan social un tableau relatif au compte épargne-temps dans les chambres de métiers et de l’artisanat.
  • Art.28 / Art.70 / Aligner le statut du personnel sur le droit de l’UE en considérant l’arrêt de maladie comme du temps de travail effectif pour la détermination de la durée du congé annuel.  Report des jours de congés acquis pendant le congé maladie.
  • Prorogation de la période d’expérimentation pour le télétravail.
  • Art. 28 / Don de jour de repos: renoncer, sous certaines conditions, à des jours de repos non pris au profit d’un collègue qui a un enfant malade. Sur cette proposition le SNCA-CGT s’est abstenu (voir ci après notre argumentaire).

Il est à noter que  toutes les propositions visant à permettre l’amélioration du pouvoir d’achat des agents y compris l’augmentation du point d’indice  ont été refusées. Parmi celles-ci 3 propositions du SNCA-CGT:

  • Prise en charge des frais de transport pour les agents utilisant leur voiture personnel.
  • Modifier le taux prise en charge ARCO-AGIRC de l’employeur et le porter à 70% au lieu de 60%.
  • Avancement automatique quant un agent arrive en fin de classe.

Concernant la proposition employeur visant à permettre aux CMA d’augmenter la part des primes à attribuer. (Art. 25 Primes de sujétion et d’objectifs). Le SNCA-CGT, rejoint par la CFDT, a refusé cette disposition. Le SNCA-CGT s’est exprimé sur ce sujet par un texte liminaire et a dénoncé l’individualisation des salaires.  Pour  notre organisation cette proposition d’élargissement de la part donnée aux primes est en fait un moyen supplémentaire pour ne pas revaloriser le point d’indice et gérer en catimini les mécontentements individuels (voir ci-après notre argumentaire).

Notre coup de « gueule »

Le Paritarisme dans les chambres de métiers? Comédie ubuesque et jeux de dupe..! A vous de juger:

La proposition employeur pour instaurer un jour de carence n’a pas été validée pour la seconde fois. Or, fait surprenant,  2 jours après cette réunion de la CPN 56,  les directions des CMA recevaient une circulaire les informant de la mise en place du dispositif.

Le SNCA-CGT s’insurge contre l’attitude des employeurs qui lorsqu’une de leur mesure n’est pas validée  passe outre et impose leur texte. Nous assistons ici à une véritable imposture. Les présidents bafouent ouvertement  les règles les plus élémentaires du paritarisme et du dialogue social.

Ce mépris souverain pour les représentants des personnels et de ce fait de l’ensemble des agents est intolérable.




« Liberté » de choisir son avenir professionnel ? Vraiment ?

La loi du 5 mars 2018 modifie profondément l’accès et l’organisation de la formation professionnelle et de l’apprentissage, en confiant la première compétence  de cette mission d’intérêt éducatif et économique national à une nouvelle agence : France Compétence,  techno structure sous tutelle de l’état.  Celle-ci détiendra les fonds de la formation professionnelle pour ensuite les redistribuer sous conditions via les OPCO aux branches professionnelles. Branches professionnelles qui  auront  la charge de développer et d’organiser la formation initiale et  professionnelle de ces  secteurs d’activité

D’une part La monétisation du CPF,  Compte Personnel de Formation, remplace le CIF. D’autre part la formation professionnelle initiale sera de moins en moins distinguée de la formation professionnelle pour adultes.

 

 

La possibilité est donnée d’ouvrir des centres de formation  et sections d’apprentissage sans passer par une autorisation administrative mais seulement en  répondant à des appels d’offres aux critères  sans doute plus économiques que qualitatifs ou pédagogiques. Alors que de nombreux centre AFPA ferment, que les CCI se désengagent souvent  de leurs centres de formations d’apprentis, ces nouveaux dispositifs inquiètent et non sans raison les TPE et les Artisans.


 

Rôle de France compétences

  • Régulation financière ;
  • Péréquation financière ;

Selon un mécanisme de redistribution financière aux opérateurs de compétences (OPCO) pour le financement des contrats et aux Régions pour le financement des centres de formation d’apprentis (CFA).

 

Rôle des opérateurs de compétencesGestion de la contribution alternance :

  • au 28 février 2019 : versement au titre de la taxe d’apprentissage (0,68 % / 0,44 % en Alsace-Moselle) à l’OCTA DEFi ; cette contribution financera les contrats d’apprentissage pour 2019.
  • au cours de l’année 2020: la nouvelle contribution unique à la formation professionnelle et à l’alternance (CUFPA) entrera en vigueur, collectée par l’opérateur de compétences. Puis, les années suivantes par les URSSAF.

 


 

Qui assurera le développement de  l’apprentissage et de la formation pro, le conseil aux entreprises,  l’accompagnement des stagiaires ?

Nos centres de formations auront-ils la même qualité d’écoute de la part de  France Compétence et des OPCO,  qu’ils  ne l’avaient précédemment des OPCA, de l’éducation nationale et des  collectivités territoriales et des régions ?

La formation aux métiers rares et le maintien de sections d’apprentissage parfois à faibles effectifs sera-t-elle encore possible ?

Le modèle économique hyper concurrentiel imposé aux différents  opérateurs de formation pro sera-t-il gage de qualité et de pérennité ?

Les grandes entreprises et  les enseignes nationales  pouvant dispenser leurs propres formations n’aspireront t’elles pas l’essentiel des budgets  au détriment de la formation professionnelle publique ?

Le SNCA CGT se positionnera partout où ce sera possible en lien avec les structures de la CGT confédérales, fédérales, interprofessionnelle UL, UD, CR CGT. Mais aussi dans les OPCO, les CREFOP, les CPRI et CPRIA pour défendre l’accès à la formation dans les territoires au plus près des entreprises et des bassins d’emplois régionaux et départementaux.

 

Synthèse de la réforme

loi_pour_la_liberte_de_choisir_son_avenir_professionnel-2




Programme formations 2019 avec la FERC