L’homme qui conjuguait le verbe résister à tous les temps


L’HOMME QUI CONJUGUAIT LE VERBE RESISTER A TOUS LES TEMPS

 

Vu dans l’Humanité
Georges Séguy, disparu au cœur de l’été, est l’une des figures les plus marquantes de l’histoire du syndicalisme. Secrétaire général de la CGT de 1967 à 1982, son nom est intimement lié au mouvement de Mai 1968, qui a été après le Front populaire et les lendemains de la Libération, le dernier des grands rendez-vous historiques du monde du travail avec des conquêtes ouvrières majeures.

La notion de résistance caractérise le mieux un parcours de vie guidé par des engagements progressistes, jalonné de combats et d’épreuves endurés avec un courage qui n’attendit pas, pour se révéler, le nombre des années.

 

Résistant à 15 ans, déporté à 17 ans

 

Militant de la jeunesse communiste en pleine clandestinité, résistant à 15 ans, déporté à 17 ans, dirigeant de la CGT et du PCF, animateur, dans les années 1980, du combat pacifiste avec l’Appel des 100, Séguy fonda l’Institut d’histoire sociale, et fut un passeur de la mémoire résistante auprès des plus jeunes générations. « Sachons conjuguer le verbe résister à tous les temps », plaidait-il au soir de sa vie, en conclusion de son dernier livre. Cette volonté farouche de résister, jusque dans l’univers concentrationnaire, a rapproché des hommes bien éloignés au départ, comme le montre le témoignage du résistant gaulliste Jean Monin, frère de déportation de Georges Séguy à Mauthausen.

 

La parole de Georges Séguy parcourt les pages, extraites de discours importants (congrès de Grenoble 1978), de Lille 1982), ou issues d’entretiens avec l’Humanité. Ainsi, interviewé pour le 30e anniversaire de Mai 68, Georges Séguy se livre à une analyse profonde des causes de ce printemps qui ébranla la société

« Des revendications déposées depuis dix, quinze ans dans les ministères ou dans les bureaux du CNPF, réputées impossibles à satisfaire, ont été résolues en quelques heures de négociations à Grenelle, sous la pression de 10 millions de grévistes. »

 

Georges Séguy évoque le surgissement d’une volonté de changement des mentalités, d’abord sous la forme de libération de la parole. « Mai 1968 a constitué le grand tournant d’une évolution qui a continué par la suite de produire des effets positifs, progressistes, émancipateurs. » Il poursuivait « Si le mouvement n’a pas abouti à une transformation de la société, il a laissé subsister une flamme qui, en certaines circonstances, s’est rallumée fortement en 1995 avec la reprise de l’idée du « tous ensemble. »

Une pensée qui parle aux progressistes d’aujourd’hui comme d’hier

 

Jean Paul Piérot

 

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