Certification Qualiopi : Réalité des exigences face aux discours des CMAR


Depuis l’entrée en vigueur de la certification Qualiopi, un climat anxiogène s’est installé au sein des Chambres des Métiers et de l’Artisanat (CMA) et de leurs Centres de Formation des Apprentis (CFA). Présentée comme un processus complexe et exigeant, la certification est souvent perçue comme un fardeau administratif. Cependant, une analyse plus détaillée révèle que les exigences de Qualiopi, bien que normatives, ne sont pas aussi sévères que le laissent entendre certains discours.

 

Les CFA sont directement concernés par l’obligation de certification Qualiopi pour que les CMAR puissent bénéficier de financements publics. Les CMAR, en tant qu’entités gestionnaires, sont responsables de la mise en œuvre de Qualiopi dans leurs CFA. Cependant, le discours dominant au sein de ces institutions peut parfois amplifier la difficulté perçue de ce processus.

 

Une perception exagérée des exigences Qualiopi

 

La certification Qualiopi repose sur un référentiel composé de sept critères principaux, visant à garantir la qualité des prestations de formation. Ces critères sont déclinés en plusieurs indicateurs, mais ils laissent une marge de manœuvre importante pour s’adapter aux spécificités des CFA. Malgré cela, de nombreuses CMAR présentent ces critères comme particulièrement complexes, ce qui peut angoisser les équipes des CFA. Or, cette perception est souvent exagérée.

 

1 –  Flexibilité des critères :

Les critères de Qualiopi ne sont pas rigides et universels. Ils permettent une adaptation en fonction de la taille et de la structure de chaque CFA. Par exemple, les petites structures ne sont pas tenues de suivre les mêmes processus que les grands centres de formation. L’important est de démontrer une démarche de qualité adaptée à leurs réalités, ce qui signifie que chaque CFA peut ajuster les exigences à ses propres capacités.

 

2 – Charge administrative proportionnelle :

Les CMAR ont parfois mis l’accent sur une prétendue lourdeur administrative imposée par Qualiopi. Pourtant, la charge administrative peut être adaptée et proportionnée à la taille et aux ressources des CFA. Les processus pourraient être simplifiés tout en restant conformes au référentiel, ce qui limiterait l’impact sur le quotidien des équipes.

 

3 – Un accent sur l’amélioration continue :

Contrairement à l’idée que chaque critère doit être parfaitement respecté dès le départ, Qualiopi valorise l’amélioration continue. Les CFA ne sont pas pénalisés pour des non-conformités mineures tant qu’ils montrent qu’ils prennent des mesures correctives. Cette approche permet de mettre en place des processus progressifs et d’éviter une surcharge de travail immédiate.

 

Pourquoi les CMAR amplifient-elles ces exigences ?

 

Historiquement, les CMA, et en particulier leurs CFA, fonctionnaient de façons très diverses. Depuis la régionalisation, les directions des CMAR souhaitent harmoniser les pratiques et renforcer leur contrôle sur les services en instaurant un système de gouvernance pyramidale. L’amplification des exigences de Qualiopi permet ainsi aux CMAR de consolider et standardiser les processus internes au sein des CFA. Les directions peuvent donc justifier un contrôle accru sur les processus de formation.En insistant sur une uniformité et une rigueur perçues comme nécessaires, les CMAR peuvent aligner plus étroitement les pratiques des CFA avec leurs propres politiques internes. 

En exagérant la complexité et les contraintes de Qualiopi, les CMAR cherchent à renforcer l’autorité et la légitimité de leurs dirigeants, tout en maintenant les agents sous pression. Cette pression permet également d’éviter les remises en question des directives et entrave des approches plus autonomes et créatives dans la gestion de la qualité. L’autonomie des CFA est ainsi limitée, mais cela permet aux CMAR de garantir que tous les centres fonctionnent selon des normes qu’elles ont elles-mêmes définies, renforçant ainsi leur pouvoir.

 

Les Risques d’Abus

 

1 – Charge administrative excessive : Il peut arriver par exemple que les enseignants se retrouvent chargés de tâches administratives qui ne relèvent pas de leurs compétences ou qui empiètent de manière significative sur leur temps de travail. Le besoin de conformité aux critères de Qualiopi ne doit en aucun cas justifier un non-respect des temps de travail légaux.

Toute surcharge de travail doit être compensée, soit en temps de repos, soit financièrement. Il incombe aux directions d’organiser (et de comptabiliser) des temps de travail pour effectuer ces différentes tâches. Toute mission effectuée doit faire partie de la fiche emploi-repère statutaire, dans le cas contraire, cela doit faire l’objet d’une indemnité de mission si elle est temporaire (art 23bis) ou d’un changement de niveau si elle est pérenne.

 

2 – Formation continue : Si Qualiopi exige la formation continue du personnel, certaines CMAR ont fait peser ce coût sur les épaules des agents eux-mêmes, sans soutien financier ni prise en charge. Ce type d’abus est inacceptable. Les employeurs doivent non seulement encourager, mais aussi faciliter et financer la montée en compétences de leurs équipes.

 

3 – Imposition de méthodes pédagogiques uniformes : Qualiopi insiste sur la structuration des formations, mais cela n’impose pas une uniformisation des méthodes pédagogiques, par exemple en exigeant l’utilisation de certains logiciels. Les enseignants doivent conserver la liberté de choisir les méthodes qui leur semblent les plus adaptées à leurs publics, en fonction de leurs expertises et expériences.

 

Conclusion

 

Les équipes des CFA doivent garder à l’esprit que la certification est accessible, qu’elle peut être adaptée à leur réalité et que les contraintes viennent surtout des choix politiques des CMAR. Cette certification ne devrait en aucun cas dégrader la qualité de vie au travail.

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